La direction de Continental Automotive met la pression sur les représentants des personnels pour essayer d’imposer dans des délais inacceptables des négociations à hauts risques pour les salarié•es et leurs conditions de travail. Soyons vigilants.
Lors du CSE central du 21 Juillet 2020, la direction nous a présenté une demande d’ouverture de négociations de plusieurs accords pour la rentrée :
- Activité Partielle Longue Durée (APLD): ce nouveau type d’accord permet à une entreprise « confrontée à une réduction durable de son activité » de présenter un plan de chômage partiel pouvant s’étaler sur 3 ans, avec un maximum de 40 % de chômage partiel par salarié sur 24 mois.
L’indemnisation des salariés reste identique au chômage partiel « classique », soit 70 % du salaire brut sur 35h. Ce montant s’applique désormais à tous, y compris les cadres au forfait qui bénéficiaient précédemment d’une indemnisation totale.
- Accord de Performance Collective (APC), qui peut potentiellement permettre de modifier la durée du travail, les salaires et les conditions de mobilité. Le but est « d’optimiser » le temps de travail.
- « Accompagnement social » qui engloberait la Cessation Progressive d’Activité (CPA) et qui comprendrait entre autres des incitations à partir en retraite. Du coup la direction a stoppé les négociations en cours sur le CPA, alors que celles-ci étaient déjà bien entamées et que cet accord arrive bientôt à échéance.
Les raisons avancées :
- une situation économique mondiale très difficile pour le secteur automobile
- une demande de baisse de la masse salariale dans tout le groupe Continental
- une volonté de réduire de 21 % à 18 % les coûts de production de l’usine de Toulouse, afin de se rapprocher des pays low cost
Enfin la direction a proposé d’encadrer ces différentes négociations par un accord chapeau dit « accord de méthode », le tout dans un calendrier inatteignable : Accord de Méthode à signer avant le 3 septembre, APLD avant le 18 septembre, APC et Accompagnement social avant le 13 novembre ! Il n’est pas pensable de négocier des accords aussi impactants pour les salariés dans des délais aussi courts.
A la rentrée, l’ensemble des Organisations Syndicales a fait une contre-proposition de planning plus réaliste, afin d’avoir le temps de négocier chaque accord séparément, de consulter les experts mandatés par le CSE, d’obtenir toutes les données et perspectives économiques, et de recueillir l’avis des salariés.
Lors de la première réunion de négociation, non seulement la direction a maintenu ses objectifs de calendrier, mais elle nous a bien fait comprendre qu’elle entendait lier les accords entre eux, afin de pouvoir faire pression sur les syndicats : le CPA, très attendu par de nombreux salariés, servira de « carotte » pour faire passer la pilule de mesures beaucoup plus difficiles à accepter !
La position de Solidaires
Le calendrier est inacceptable
Certes la situation économique mondiale est compliquée, et la direction subit des pressions venant du Groupe. Cela ne justifie pas de faire payer l’Etat et les salariés pour sauver le soldat Continental sans données économiques chiffrées et précises.
Or la direction voudrait que tous les accords soient signés le 13 novembre, avant la finalisation des budgets. C’est inacceptable !
Aucune raison valable ne nous a été fournie sur les raisons de cette précipitation, sinon se faire bien voir d’Allemagne. Quand on voit que la première réunion sur l’accord de méthode s’est finalement tenue à la date à laquelle cette négociation était censée être bouclée, on comprend que la direction aura bien du mal à tenir elle-même son propre planning !
Dans le même temps, l’accord sur le CPA aurait pu être signé dans l’été, mais la direction a voulu rebattre les cartes, ce qui retarde la mise en place et empêche ceux qui pourraient être intéressés d’en bénéficier.
Nous sommes ouverts à la négociation mais vigilants
De nombreuses rumeurs circulent, et les salariés s’interrogent légitimement. Il est clair que la direction veut pousser dehors un maximum de personnes près de la retraite pour réduire la masse salariale, et augmenter la flexibilité des personnes de production.
En dehors de ces objectifs affichés, rien n’est encore défini : ni les mesures proposées, ni les salariés concernés par les différents accords, ni la durée d’application de chacun d’eux.Dans tous les cas, nous n’engagerons pas notre signature sans garanties pour les salariés.
La direction a contacté certaines personnes pour leur faire des propositions individuelles et les pousser à partir avant même le début des négociations, au mépris des syndicats. Cette façon de procéder n’est pas notre conception du dialogue social !
Concernant le chômage partiel de longue durée (APLD), les dispositions légales prévoient que l’État augmente le remboursement de l’entreprise si l’accord est signé avant fin septembre, ce qui explique le calendrier très serré. Mais la direction peut aussi l’imposer unilatéralement en appliquant l’accord de branche de la métallurgie, ce qui nous laisse peu de marge de négociation.
N’hésitez pas à nous contacter!
Méfiez-vous des bruits de couloir :