Un procès tout à fait exceptionnel se déroule actuellement. Il va durer jusqu’au 12 juillet. Comme rarement, les dirigeants d’une grande entreprise ont a rendre des comptes sur les pratiques de management qu’ils ont mises en place et qui ont abouti à la mise à mal systématique des salariés et à de très nombreux suicides.
Le site « La petite BAO« , qui pour Solidaires analyse la santé et les conditions de travail, suit au jour le jour ce procès emblématique.
Vous trouverez ICI les compte-rendus et analyses quotidiennes des débats et des méthodes à l’œuvre à France TELECOM et qui ont fait tant de dégâts.
Même si la mise à mal des salariés ne prend pas toujours les mêmes formes ailleurs, les modes de management à l’œuvre à France TELECOM se retrouvent dans beaucoup d’entreprises. Ce procès peut nous aider à analyser notre vécu au travail.
Ainsi au 28ème jour du procès, les dirigeants de France TELECOM usent et abusent du mot « collaborateurs » auxquelles, ils le jurent, ils ne voulaient que du bien!
Le terme de « collaborateurs » fait disparaître les personnes en tant que travailleurs et avec eux l’activité de travail, mais aussi l’organisation du travail qui, à France Télécom, devenue Orange, n’a cessé de se transformer, s’intensifier, se désorganiser, et se voir privée du sens qui était le sien, pour ces milliers de salariés qui se « passionnaient pour leur boulot ». Appeler les travailleurs des « collaborateurs » c’est nier l’antagonisme fondamental sur lequel est construite la relation de travail. C’est ce qui a justifié l’adoption de règles strictes inscrites au code du travail, règles ayant pour but de limiter le pouvoir patronal, mais règles néanmoins quotidiennement bafouées en tout impunité par les dirigeants d’entreprise telle que celle-ci, comme l’illustre tout ce que ce procès a déjà révélé.
Annie Thebaud-Mony, sociologue, directrice de recherche à l’INSERM.
La dessinatrice Claire Robert, suit ce procès et l’illustre parfaitement par ses dessins. Visitez son site.
