Edouard Philippe se dit « déterminé » à mener sa réforme des retraites « jusqu’à son terme ». Pas question de reculer car « si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd’hui, quelqu’un d’autre en fera une demain brutale », estime le premier ministre dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) daté du 8 décembre.
Le gouvernement veut donc nous éviter une future réforme brutale!!! Le régime actuel de retraites serait donc en grave danger.
Le danger le plus souvent évoqué est un déficit structurel du régime lié à la démographie et à la « paresse » des français qui prendraient leur retraite trop tôt.
Quand on analyse les rapports d’experts comme le fait un article du Monde du 6 décembre, la réalité est tout autre.
Lorsqu’on lit le rapport du COR en détail, on s’aperçoit que ce ne sont pas les dépenses liées aux retraites qui risquent d’aggraver le déficit. En effet, celles-ci resteraient stables rapportées au PIB, oscillant entre 13,5 et 14 % de 2018 à 2030, quel que soit le scénario testé dans les prévisions. Et ce malgré le fait que la proportion d’actifs par retraité baisserait sur cette période, passant de 1,7 en 2018 à 1,6 en 2030 environ.
Le « vrai » problème des retraites réside dans les ressources du système, qui ont plutôt tendance à diminuer, en raison des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires ou de la suppression du forfait social pour certaines catégories de salariés.
Le Monde – 6 décembre – Les décodeurs
Dans une vidéo enregistrée par Henri Sterdyniak membre des Économistes Atterrés, vous trouverez un argumentaire solide.
Les salaires stagnent et le gouvernement refuse d’utiliser le SMIC pour encourager une hausse significative des salaires
Les « experts » que le gouvernement a nommés pour plancher sur l’augmentation du Smic en 2020 viennent de rendre leur rapport. Surprise ! Pas de coup de pouce pour le Smic, seulement un rattrapage de l’inflation, car ce serait mauvais pour la croissance. En revanche, ils proposent d’augmenter la prime d’activité qui concerne les personnes dont les revenus ne sont pas suffisants. En conséquence cela n’a aucune incidence sur la carrière des salarié-es au Smic (on rappelle que la plus grande partie sont des femmes et des travailleurs et travailleuses d’origine étrangère) et aucune incidence non plus sur l’augmentation des autres salaires. Et cette prime ne compte pas pour la retraite…
Le gouvernement organise donc par ses choix économiques un déficit artificiel de l’assurance retraite qu’il utilise pour justifier une réforme qui imposera de travailler plus longtemps pour une pension en baisse et dont le montant ne sera plus garanti!